Publié par cometikadmin le
Covid et nouveaux modes de consultation
Depuis l’époque de Freud et de la psychanalyse, le présentiel était la règle, pour les consultations.
Plus tard, certains thérapeutes avaient expérimenté les consultations à distance, par téléphone.
Puis est venue la crise sanitaire, avec ses restrictions de déplacement et ses confinements; il a fallu s’adapter, dans l’urgence.
Pour ma part, j’avais la chance d’avoir déjà une expérience des consultations à distance, pour des patients ayant commencé leur thérapie en présentiel, au cabinet, puis qui avaient quitté la région et auxquels je devais proposer une solution alternative au mode de consultation qu’ils avaient pratiqué jusque là.
J’avais aussi été contacté par de nouveaux clients, géographiquement éloignés (voire vivant à l’étranger)
C’est alors que j’ai commencé à expérimenter les consultations en visio (par Skype ou par WhatsApp, essentiellement)
Par la suite et avec l’assouplissement progressif des contraintes sanitaires, la clientèle est revenue progressivement en présentiel.
Cependant, certains clients proches ont préféré rester en consultation à distance, à cause des contraintes et pertes de temps liées aux déplacements, dans une grande métropole comme Montpellier et dans ses environs.
J’ai seulement demandé à ces clients de revenir, de temps en temps, au cabinet, pour une consultation en présentiel.
Aujourd’hui, au sein de mon cabinet, la clientèle se répartit entre les deux formules.
Avec le recul que nous possédons aujourd’hui, il est possible de dresser un premier bilan de ces nouveaux modes de consultation.
A la lumière de ma propre expérience, un premier constat s’impose : la formule des consultations à distance présente certains avantages non négligeables :
J’ai évoqué l’intérêt de pouvoir éviter des déplacements fastidieux, ainsi que le stress que cela génère : peur de se présenter en retard au rendez-vous ; perspective d’un trajet retour tout aussi fastidieux.
Dans de telles conditions, le thérapeute devra prévoir un temps de décompression et d’adaptation, avant que le client ne puisse entrer pleinement dans sa séance: ainsi, la phase de pré-contact se trouve obligatoirement allongée et c’est autant de temps en moins pour le travail thérapeutique effectif.
Le même phénomène se retrouve, en fin de consultation, lorsqu’il s’agit de préparer le client à retrouver une réalité extérieure génératrice de stress, avec la perspective d’un nouveau temps de trajet, souvent allongé du fait d’une circulation excessivement dense.
Certains clients m’ont aussi confié que les consultations depuis leur domicile leur permettaient de mieux se centrer sur leurs problématiques, car ils se trouvaient plus à l’aise dans un environnement familier, plus propice que dans le cadre du cabinet, dans un environnement qui n’était pas le leur.
De même, il est souvent plus facile d’aborder des problèmes intimes, en consultation à distance, l’écran séparant le thérapeute de son client constituant une barrière psychologiquement protectrice, qui permet d’être plus à l’aise, en étant moins directement soumis au regard de l’autre.
Faut-il donc basculer vers ces nouveaux modes de consultation et oublier les anciennes pratiques et le présentiel ? Ce n’est pas si simple….
En effet, celui-ci conserve des avantages et des atouts non négligeables, qu’il serait dommage de négliger :
Nonobstant ce qui a été indiqué plus haut, de nombreux clients apprécient le cadre spécifique du cabinet de consultation, son ambiance, sa sérénité, qui sont particulièrement propices à la relation thérapeutique.
De même, pour les thérapeutes qui ont opté pour une approche psycho-corporelle, le présentiel permet une meilleure observation du langage corporel ; or, la communication non verbale est importante : les mots peuvent parfois mentir ; le corps, lui, est le témoin toujours fidèle de nos émotions.
Parmi les situations rencontrées de façon récurrente, nous retrouvons le cas de clients qui, en début de séance, affirment que « tout va bien », alors même que leur attitude corporelle trahit une tension intérieure ou un malaise, qui sont beaucoup plus difficiles à percevoir, à travers la barrière de l’écran, avec son champ limité et l’effet de la distanciation.
Parmi les situations rencontrées de façon récurrente, nous retrouvons le cas de clients qui, en début de séance, affirment que « tout va bien », alors même que leur attitude corporelle trahit une tension intérieure ou un malaise, qui sont beaucoup plus difficiles à percevoir, à travers la barrière de l’écran, avec son champ limité et l’effet de la distanciation.
De la même façon, certaines personnes ont du mal à entrer dans l’émotion, lorsqu’un écran les sépare physiquement du thérapeute ; je me souviens ainsi du cas de ce jeune client, client de mon cabinet, depuis quelques semaines ; dès le début de notre travail, il avait réussi à contacter ses émotions et il progressait rapidement …. jusqu’au jour où des raisons d’ordre raison familial, l’ont contraint à quitter la région, pour quelques mois.
Face à cette situation inattendue, il a choisi de continuer sa thérapie et nous n’avons eu d’autre choix que de travailler à distance, par visio : très vite, j’ai constaté une baisse spectaculaire de son niveau d’attention et de son implication ; notre échange n’avait plus du tout la même intensité ; bref : c’était comme si je ne reconnaissais pas mon client. Désormais, il avait du mal à contacter ses émotions et n’y réussissait que sur de brèves séquences et sa motivation avait beaucoup diminué ; j’avais le sentiment d’avoir basculé dans un simple travail d’accompagnement et j’ai même pensé qu’il allait arrêter sa thérapie.
Il m’a avoué, après quelques semaines, que le présentiel lui manquait énormément.
Nous avons convenu d’espacer nos séances et la situation est restée en l’état, jusqu’à son retour .